La durée d’une séance de coaching est une question qui revient régulièrement en supervision. Alors que répondre ?

Certains cabinets ne fixent pas la durée mais évoque uniquement la notion de séance en laissant le coach, le coaché, l’institution se dépatouiller avec cette notion un peu  floue. Je ne suis pas fan de ce flou… comme disait  la grand-mère d’une petite fille connue « quand c’est flou c’est qu’il y a un loup ». Même si ce loup n’est que fantasmatique et sans mauvaise intention des parties.

Le flou n’est pas de nature à clarifier les contrats donc les engagements réciproques du  coach et du coaché sur la façon de  travailler ensemble, les conditions financières et donc quelque part le  temps passé ensemble en face à face par le coach et le coaché.

Pour ma part j’invite à être clair sur la durée des séances et le prix (qui fera l’objet d’un autre article). Etre clair et explicite ne signifie  pas être univoque dans la réponse. Alors quelle durée pour une séance et comment la définir ?

Au-delà de la réponse qui aura un impact sur le coût de la séance il est intéressant d’apprécier  pour chacun d’entre nous notre durée, à priori, optimale. En ce qui me concerne ma durée préférentielle a évolué au cours de mon expérience. Dans le milieu des années 2000, à mes débuts, j’étais davantage à l’aise sur 2 heures.  Au-delà j’étais fatigué, mes clients aussi  et les séances  me paraissaient moins efficaces.  A l’époque,  1H30 me semblait un peu  trop court et cela avait tendance à stimuler mon driver dépêche toi qui ne demandait que ça.  Je me mettais sous pression et en voie de conséquence, par contagions je devais le faire sentir à  mon client, pour obtenir quelque chose de palpable à l’issue de l’heure et demie.

Puis je me suis aperçu en réfléchissant sur ma pratique  que la durée dans l’absolue n’était pas la seule variable en cause sur la qualité  des séances. Rentrait en ligne de compte, le type de coaching, le type de personnalité de mon coaché, l’état d’esprit dans lequel il était, le niveau d’énergie que nous avions lui et moi,  l’enjeu  que représentait le coaching pour lui,  la qualité de notre relation, le niveau d’alliance qui par définition évolue en au cours du coaching ;  mais également  du temps de déplacement aller et retour qu’il me fallait  pour cette séance de coaching  et oui,  ça ne devrait peut- être  pas mais ça compte également  dans l’équilibre que nous devons trouver pour une juste appréciation de notre prestation,  de notre  modèle économique et donc de notre équilibre financier d’accompagnateur.

En ce qui me concerne, mes séances en présentielle sont d’ 1H30 ou de 2 heures avec un possible mixte des deux durée et très exceptionnellement 3 heures. La durée est précisée dans mes contrats au départ. Parfois je  décide seul de la durée qui me semble appropriée par exemple j’impose la durée de deux heures quand il m’apparait que le client a besoin de temps en raison de la situation difficile qu’il traverse et que je suppute qu’une écoute longue, profonde et inconditionnelle avec  un travail en profondeur notamment sur le plan émotionnel lui serait utile. D’autres fois, je peux proposer à mes clients le choix entre deux options 1H30 et 2h00 ; ceci   m’arrive avec des dirigeants qui  souhaitent travailler  sur la stratégie qui nécessite un peu plus de temps et d’autres semaines leur agenda est très contraint alors nous convenons en fin de séance la durée de la séance à venir. La connaissance pour chacun des acteurs de la durée de la séance me parait nécessaire avant de débuter. Pas uniquement pour des raisons de gestion d’emploi du temps,  mais parce que le temps est un élément important du processus de travail. Le temps ami ou ennemi durant une séance ? Il fréquemment est un indicateur  de la qualité de ce qui se  passe durant la séance de travail. Comment notre client et nous utilisons  le temps ?  A quel moment de la séance évoque – t–  il les sujets « importants »  pour lui ?  Sa façon de procéder a – elle un lien avec ses objectifs de coaching ? Existe-il un processus parallèle entre ce qu’il vit dans son activité et durant notre séance sur la façon dont il appréhende le temps… Tous ces indicateurs ne sont pertinents que si l’enveloppe temps est bien claire entre les protagonistes.

A distance, au téléphone ou par Skype j’opte pour une durée d’ 1 heure à 1h30. Au-delà, je trouve que la concentration que réclame l’absence de retour visuel (pour le téléphone) est fatigante et ouvre un risque de cafouillage sur une durée plus longue.

En conclusion,  je dirai qu’il n’existe pas de durée idéale puisque la bonne durée est multifactorielle : les personnes du coach et du coaché, leurs rythmes respectifs… La recommandation que je ferai à des coachs débutants c’est de tester leur zone de confort, de voir comment elle peut évoluer au cours de leur expérience ou en fonction des types d’accompagnement; de s’autoriser à en  changer au fur et à mesure de l’enrichissement de  leur expérience. La  seule règle que j’inviterai à respecter pour les coachs c’est celle de  la clarté du processus et donc l’explicitation des durées de séances et leur respect… qui n’exclut pas en intelligence de situation d’écourter une séance ou de la prolonger mais à titre exceptionnel  et de façon consciente par le coach en le verbalisant à son client.