Le coaching est avant tout une affaire de processus. La supervision va chercher à l’éclairer.

Le processus peut  se définit par la façon dont les événements s’enchainent, cette espèce de toile de fond, un peu comme si il s’agissait d’un film muet observé avec une forme de naïveté qu’Éric Berne qualifiait de Martien. A ce propos j’aime bien la phrase de Sénèque qui pour moi illustre bien l’intérêt d’observer encore et encore le processus «  séparer les choses du bruit qu’elles font ».

Sur quoi être vigilant ? Le processus, et puis le processus, et encore le processus. Lors de mes séances de supervision il m’arrive régulièrement de faire décrire, au coach qui expose son cas, les premiers instants de la  prise de contact avec  le client  depuis l’appel téléphonique : comment le rendez- vous a-t-il été pris ? Qui a appelé qui ? Combien de fois ? Avez-vous eu des difficultés à vous joindre ? Combien de temps pour arriver à fixer une date ? Y a-t-il eu des annulations, des reports de rdv ? Etc. Ensuite,  j’invite le coach à explorer ce qui s’est passé lors de la première rencontre mais également lors de chacune des séances : comment cela se déroule-t-il ?  Comment avez-vous démarré ? Les  horaires sont- ils respectés ? Etc.

Lors de ce retour arrière, il est  assez fréquent que les coachs ne sachent pas répondre à ces questions de prime abord. Parfois un temps de réflexion leur permet de  faire revenir  ces informations, parfois il leur est impossible de retrouver ces éléments faute de les avoir observés. Lorsque ce matériau brut  est disponible il est fréquent qu’il vienne éclairer une partie de la difficulté rencontrée par le coach.

Prenons l’exemple que  Paul  partage en supervision. Il a l’impression de « se faire balader » par  sa cliente durant les séances.  Lors du premier rendez-vous dans un café, sa cliente lui a proposé de changer deux fois de place après avoir déplacé trois  fois la date du  rendez-vous et écourté celui de la première rencontre.

Le travail de supervision permet à Paul d’identifier que quelque chose  d’autre  est à l’œuvre, entre lui et son client,  que simplement des changements logistiques : changement de place, changements d’horaires etc.

Dans mon travail de superviseur, j’invite les coachs  à observer attentivement, en position méta, ce  qui se passe même si cela peut paraître insignifiant.

Ma recommandation est : « observez, ressentez, écoutez,  il en restera toujours quelque chose.  Observez avec vos  yeux, vos oreilles et  l’ensemble de vos sens.  Ecoutez  la musique, la ligne mélodique, laissez-vous  sentir et  ressentir ce que cela provoque en vous physiquement. Assumez la  subjectivité que les  situations que vous vivez  provoquent chez vous. C’est un matériau qui pourrait  être partagé, sous forme d’hypothèses, avec votre client et donner matière à un travail d’élaboration. Il sera temps d’analyser ensuite, si nécessaire,  ce qui se passe et quel sens donner à ces observations. La précaution à prendre c’est de ne pas donner une signification immédiate à l’observation. Suspendez votre jugement.  Ce sens peut être le fruit de projections, d’interprétations de votre part.  Il est parfois bon de laisser décanter,  des indices sont quelquefois trompeusement concordants. Il peut arriver que les hypothèses nécessitent d’être clarifiées  par un tiers, en supervision,  notamment lorsque la charge émotionnelle est trop forte et/ou que la confusion s’est installée.

En guise de conclusion,  j’observe que les  coachs sont régulièrement  enfermés  par  des  « contenus » apportés par leurs clients. Ils peuvent être dans  la confusion ou tourner en rond. C’est parfois le signe qu’il est nécessaire de revenir au processus.  L’observation des éléments de processus est comme l’observation des doigts du pianiste qui dérapent  sur le clavier du piano : il peut être intéressant de regarder en amont, quelques mesures plus haut, quelques séances avant, l’émergence des difficultés qui se signalaient en amont à travers le processus par un signal faible et qui aboutissent maintenant à une fausse note, un blocage, davantage visible mais un peu tardivement pour permettre à la mélodie de continuer, au coaching de se poursuivre dans la fluidité.